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La ruée vers l’or a connu ses grandes figures : Buffalo Bill, Calamity Jane… Puis a suivi une autre génération de personnages légendaires moins connus aujourd’hui, mais tout aussi valeureux. Notamment les Steelmen : quatre mercenaires forcenés. Tantôt éclaireurs de l’armée, tantôt chasseurs de primes pour leur propre compte…

Walter est le fils du plus courageux des quatre. Mais ce père inconnu avait été séduit par une squaw dans sa jeunesse : la vipère. Puis il s’était remarié, et fut assassiné par l’indienne alors que sa nouvelle femme était enceinte. Vingt ans plus tard, gonflé par le roman épique des légendes des Steelmen, Walter part se venger. Mais la vieille squaw a une autre version des faits à lui apporter. Pourra-t-il l’entendre ?

Vous avez tout compris ? Alors vous pouvez lire le livre ! Moi, j’ai adoré, mais je vous préviens, la lecture est dure.

Dure, parce que complexe : l’auteure nous fait suivre trois temporalités. Celle de Walter, celle de Winona (l’indienne), et celle du roman que Walter consulte régulièrement pour confronter les deux points de vue. Et, clairement, c’est la version de Winona qui prend le plus de place. Elle raconte à Walter ce qui l’a amené à pousser ce meurtre, jusqu’à la racine. Cela l’amène à raconter sa vie, et à nous en apprendre énormément sur le contexte historique.

Dure, parce que violente : Winona nous plante face aux victimes de la ruée vers l’or. Les indiens, les papooses, et les femmes, qu’elles soient rouges ou blanches. Elle nous raconte par exemple l’acculturation des jeunes indiens par les missions catholiques : garçons et filles étaient séparés et éduqués dans des couvents sévères et maltraitants. Winona reste pudique sur les atteintes à la sexualité qui y avaient cours, mais elle ne mâche pas ses mots sur les conséquences traumatiques qui s’ensuivaient : violences entre enfants, suicides, meurtres…

Une histoire et une Histoire difficiles, où la Liberté n’a pas de prix.

 

À partir de 16 ans

 

BOUSQUET, Charlotte. Celle qui venait des plaines. Gulf Stream, 2017. 360 p. ISBN 2354884826
À paraître le 12/10/2017.

Une bande dessinée de qualité, qui nous immerge dans les conditions de l'époque. Di Giorgio qui nous fait réaliser que la découverte du Groënland ne s'est pas faite aussi facilement qu'une ligne de texte dans un dictionnaire !

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Nous voici vers l'an 1 000. Érik est un jeune et noble vicking norvégien, promis à un bel avenir. Il possède des terres, commande des hommes, et plaît aux femmes. Mais il a le sang chaud, et traite d'une façon radicale avec ceux qui le jalousent... Rapidement, il est jugé pour meurtre. Le conseil adopte une sentence irrévocable : le bannissement. Lui, sa femme et ses hommes doivent prendre la mer, et ne pourront revenir qu'au bout de trois années.

Une bande dessinée de qualité, qui nous immerge dans les conditions de l'époque. Di Giorgio nous fait réaliser que la découverte du Groënland ne s'est pas faite aussi facilement qu'une ligne de texte dans un dictionnaire ! Chapeau aussi à Laurent Sieurac et Lorenzo Pieri : les postures des personnages sont parfois un peu maladroites, mais les paysages et les couleurs sont magnifiques, dignes d'un livre d'Histoire.

Un bémol tout de même. Dites donc, tous les trois, vous déshabillez bien vite les islandaises. Une case, et pfuit, à poil ! C'est très vendeur, mais je n'achèterais pas votre BD pour un CDI de collège. Pour un ouvrage si beau et si documenté, c'est vraiment dommage.

DI GIORGIO Jean-François. Érik le rouge. Soleil,2013 & 2014. (2 volumes). ISBN 978-2-302-04332-9

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Lucile a 5 ans en 1939. L'âge où personne ne vous explique rien sur la guerre parce que ça ne vous concerne pas, mais où la maîtresse vous fait chanter "Maréchal, nous voilà !" tous les matins. Alors entre deux bêtises, Lucile observe ses parents, apprend à lire pour pouvoir connaître les évènements de la presse, laisse traîner ses oreilles. Une première forme de résistance contre la désinformation des adultes.

Soudain, ses parents chassent leurs locataires, un couple de juifs. Soudain, la mère de Lucile lui annonce sa grossesse. Une grossesse et une naissance bien bizarre... Lorsque "le monstre" naît, c'est une petite fille rousse, alors que personne n'est roux dans la famille ! Mais que se passe-t-il donc chez les parents ?!

Lucile raconte cela à sa petite-fille. Le premier chapitre est dur à traverser, le temps que cette narration indirecte se mette en place. Mais elle laisse place à de véritables sensations : de couleurs, d'odeurs, de sons. De peurs, de joies, de frustrations. Nicolas Michel sait mettre du poids dans ses mots.

Papa a pris ma main dans la sienne et il est resté longtemps immobile, perdu dans ses pensées, perdu dans ses pensées. Moi, j'avais l'impression qu'il soutenait le ciel au-dessus de moi et que rien, jamais, ne pourrait m'arriver."

Des personnages forts, des évènements graves, et une écriture porteuse de sens.

 

MICHEL Nicolas. Quand le monstre naîtra. Talents hauts (les héroïques), 2017. 297 p. ISBN 978-2-36266-180-8

Thomas Laurent est étudiant en archéologie. Il écrivit ce thriller ésotérique dans cette démarche : partir des croyances populaires pour "examiner" leurs conséquences sur les évènements. Et défaire au passage les préjugés que nous pouvons avoir sur cette période.

Nous sommes au XVe siècle. Morgane, fille d'un prêtre, a une tache de naissance sur le visage et a déjà les cheveux blancs à 20 ans. Pas de doute, c'est une sorcière. Or, le baron de Hurlebosque est frappé de magie noire, retrouvé mort et transformé en monstre abominable. Fait étonnant mais tout à fait logique à cette époque : espérant vaincre le mal par le mal, son fils fait ne fait pas appel à l'inquisiteur mais à Morgane. Sa mission est de retrouver le véritable auteur de ce forfait. Tout en évitant cet inquisiteur, qui disparaît et revient sans cesse, pressant les évènements, comme un cancer.

Alors, ce coupable, sorcier ou bonimenteur ? Et cette héroïne, justicière, ou pion d'un échiquier infernal ?

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Aujourd'hui, on appellerait ça une dépression. On l'expliquerait psychologiquement, et on lui administrerait un traitement. Au XIIème siècle, c'est tout simplement une malédiction. Je vous laisse imaginer les solutions envisagées à cette époque...

Roland, seigneur et chevalier, quitte ses terres et sa femme pour les croisades. Le voyage s'annonce bien : ripaille, pillages, coucheries... Mais rapidement, Roland se plaint d'être la cible de tous les ennuis. Il ne retrouve pas son épée, ses hommes meurent un par un, les oiseaux lui défèquent dessus, sa libido est à zéro, ses amis le raillent, les autochtones ne se laissent pas piller, les oiseaux lui défèquent indubitablement dessus... Sa réaction : râler et attendre le prochain coup du sort.

Aujourd'hui, on diagnostiquerait une dépression. On l'expliquerait psychologiquement, et on administrerait un traitement. Au XIIème siècle, on appelle ça une malédiction. Et je vous laisse imaginer les solutions envisagées à cette époque...

Un récit à la fois cynique et comique, très représentatif de la période médiévale. La chute est magistrale !

 

Rémy BENJAMIN, PERO. Un jour sans. Ankama Editions, 2010. 80 p. ISBN 978-2-35910-037-2.

 

Allez ! Un autre extrait qui n'a rien à voir, juste pour le plaisir :