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😀

 

Lucile a 5 ans en 1939. L'âge où personne ne vous explique rien sur la guerre parce que ça ne vous concerne pas, mais où la maîtresse vous fait chanter "Maréchal, nous voilà !" tous les matins. Alors entre deux bêtises, Lucile observe ses parents, apprend à lire pour pouvoir connaître les évènements de la presse, laisse traîner ses oreilles. Une première forme de résistance contre la désinformation des adultes.

Soudain, ses parents chassent leurs locataires, un couple de juifs. Soudain, la mère de Lucile lui annonce sa grossesse. Une grossesse et une naissance bien bizarre... Lorsque "le monstre" naît, c'est une petite fille rousse, alors que personne n'est roux dans la famille ! Mais que se passe-t-il donc chez les parents ?!

Lucile raconte cela à sa petite-fille. Le premier chapitre est dur à traverser, le temps que cette narration indirecte se mette en place. Mais elle laisse place à de véritables sensations : de couleurs, d'odeurs, de sons. De peurs, de joies, de frustrations. Nicolas Michel sait mettre du poids dans ses mots.

Papa a pris ma main dans la sienne et il est resté longtemps immobile, perdu dans ses pensées, perdu dans ses pensées. Moi, j'avais l'impression qu'il soutenait le ciel au-dessus de moi et que rien, jamais, ne pourrait m'arriver."

Des personnages forts, des évènements graves, et une écriture porteuse de sens.

 

MICHEL Nicolas. Quand le monstre naîtra. Talents hauts (les héroïques), 2017. 297 p. ISBN 978-2-36266-180-8

Thomas Laurent est étudiant en archéologie. Il écrivit ce thriller ésotérique dans cette démarche : partir des croyances populaires pour "examiner" leurs conséquences sur les évènements. Et défaire au passage les préjugés que nous pouvons avoir sur cette période.

Nous sommes au XVe siècle. Morgane, fille d'un prêtre, a une tache de naissance sur le visage et a déjà les cheveux blancs à 20 ans. Pas de doute, c'est une sorcière. Or, le baron de Hurlebosque est frappé de magie noire, retrouvé mort et transformé en monstre abominable. Fait étonnant mais tout à fait logique à cette époque : espérant vaincre le mal par le mal, son fils fait ne fait pas appel à l'inquisiteur mais à Morgane. Sa mission est de retrouver le véritable auteur de ce forfait. Tout en évitant cet inquisiteur, qui disparaît et revient sans cesse, pressant les évènements, comme un cancer.

Alors, ce coupable, sorcier ou bonimenteur ? Et cette héroïne, justicière, ou pion d'un échiquier infernal ?

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Aujourd'hui, on appellerait ça une dépression. On l'expliquerait psychologiquement, et on lui administrerait un traitement. Au XIIème siècle, c'est tout simplement une malédiction. Je vous laisse imaginer les solutions envisagées à cette époque...

Roland, seigneur et chevalier, quitte ses terres et sa femme pour les croisades. Le voyage s'annonce bien : ripaille, pillages, coucheries... Mais rapidement, Roland se plaint d'être la cible de tous les ennuis. Il ne retrouve pas son épée, ses hommes meurent un par un, les oiseaux lui défèquent dessus, sa libido est à zéro, ses amis le raillent, les autochtones ne se laissent pas piller, les oiseaux lui défèquent indubitablement dessus... Sa réaction : râler et attendre le prochain coup du sort.

Aujourd'hui, on diagnostiquerait une dépression. On l'expliquerait psychologiquement, et on administrerait un traitement. Au XIIème siècle, on appelle ça une malédiction. Et je vous laisse imaginer les solutions envisagées à cette époque...

Un récit à la fois cynique et comique, très représentatif de la période médiévale. La chute est magistrale !

 

Rémy BENJAMIN, PERO. Un jour sans. Ankama Editions, 2010. 80 p. ISBN 978-2-35910-037-2.

 

Allez ! Un autre extrait qui n'a rien à voir, juste pour le plaisir :