Mali, région de Youwarou, 2015. Alou trouve un statuette, une maternité rouge. Brutalisé et menacé par les islamistes qui l'ont à l’œil, il ne peut pourtant pas abandonner la figurine en bois. Il s'en va voir le hogon, un vieil homme sage. Et le hogon lui raconte...
Cette statuette, lui-même l'a sauvée et cachée des colonialistes français qui avaient pillé le pays de ses œuvres d'art avant de lui accorder l'indépendance dans les années 60. Cette statuette, sa famille se la transmettait de génération en génération, peut-être depuis le XIVe siècle !
Alors Alou part. Quitte sa femme et ses enfants. Son métier de chasseur de miel. Il rejoint le chemin des migrants : la Libye, la mer Méditerranée, Lampedusa. Son ojectif : arriver au Louvre, faire expertiser la statue, et la confier à des mains sûres.
Christian Lax nous peint - de façon très esthétique, bravo ! - deux univers radicalement différents. Celui du Louvre, dans la contemplation et le soin des œuvres d'art. Et celui des migrants, violent, que ce soit contre eux (discriminations, passeurs malhonnêtes), ou entre eux (racket, viols).
Dans le même livre, l'auteur-illustrateur nous fait presque la publicité du superbe appareil radio du Louvre, nommé Aglaé, capable de nettoyer et de rendre compte de tout procédé chimique utilisé sur tout objet, peinture, sculpture, etc., sans l'abîmer. Et, dans le même temps, il pose la question suivante : tous ces moyens ne devraient-ils pas servir à l'accueil de personnes sans abri ? Pas de réponse, mais un bel hommage.
Personnellement, j'ai trouvé le pitch trop idéaliste, mais il faut reconnaître qu'il nous donne l'occasion de beaucoup apprendre sur l'art et le sort des migrants. Chapeau !
LAX, Christian. Une maternité rouge. Futuropolis et Louvre éditions, 2019. 137 p. ISBN 9782754816601