C'est le grand-père du grand-père de mon grand-père qui la racontait.
Un jour, Joseph avait trouvé un éclat de miroir. Il le tourne d'un côté, de l'autre, et tout d'un coup il dit : "Mon père !"
Il était tout remué de voir l'image de son père devant lui. Depuis le temps qu'il était mort ! Il n'en revenait pas ! Il lui fallait une bonne cachette pour garder cette trouvaille.
Dans la remise entre le seuil et la cloison, il la met bien à plat dans du papier. De temps en temps il vient voir son père et chaque fois il a un coup au cœur et il reste sans rien dire un bon moment. Sa femme, la Fine, voit bien qu'il y a quelque chose de changé, elle pense qu'il y a une histoire de femme par là-dessous. Son mari se cache et disparaît de temps en temps. Elle a l'idée de le suivre de loin et voit qu'il regarde une chose cachée dans la remise. Elle va voir, trouve le miroir et revient tranquille : "Elle est bien vilaine !"
Traduit d'une histoire de Germaine Cachat, en patois de Bogève (74), retranscrit tel quel ci-dessous :
Y é l gran pore, du gran pore d mon gran pore, ke rakontove.
On zheur, Dyozè avè trovo na bèrka de meryeu... è la vir d'on lo, de l otre è to d on kou è di : "Mon pore !"
Al tè to brafo de vi l imazhe de son pore devan lyu, adin l tan k al tè mor ! è n an revenive po ! Lyu falè na bouna kafta pè gardo sla trovalye.
Dan la rmiza antre le tro è la palfe è la mè byin d'aplan plèya dan du papi. De tanz an tan è vin vi son pore è tu lou yor al a on kou u keur è rèste san ran dir dé bon moman. Sa fèna, la Fine, vè beu k i y a kokran de sonjya, èl panse k i y a n istouar de fmale pèrtye dezo. Sn ome se kashe è dispaèt de tanz an tan. L a l idé de le chègre de louan e vè k al èguète na chuza kashya dan la remiza. Li va vi, truve le meryeu è revin trankila : "l é bin lèda !"
Extrait de Quand les Savoyards écrivent leur patois : deuxième volume : textes et chansons choisis des deuxième et troisième concours de patois (1992-1995). Centre de la culture savoyarde, DL 1997. 224 p. ISBN 2-9511379-0-7